La génétique moderne trouve des applications dans une multitude de domaines. Il s’agit d’un secteur économique très dynamique, en perpétuel développement, mais qui pourrait également être la source de nombreuses dérives. Pour les éviter, des lois ont été mises en place, particulièrement en France, où elles sont connues sous le nom de « Lois de Bioéthique », pour encadrer l’exploitation des biotechnologies – les technologies relatives à la biologie et à la génétique.
Le génie génétique est un domaine fascinant, plein de promesses, mais parfois sujet à controverses, car mal connu du grand public. Typiquement, le génie génétique est l’utilisation des connaissances en génétique pour utiliser ou modifier le génome d’êtres vivants. Tout le monde connait le résultat de cette technologie : les OGM ou organismes génétiquement modifiés. Le terme d’OGM évoque très souvent pour le grand public l’agriculture et les recombinaisons génétiques permettant la mise au point de nouvelles lignées de plantes, résistantes aux pesticides, ou offrant un meilleur rendement de production par exemple. Mais cette application n’est pas la seule : dans le domaine de la santé, les OGM sont souvent utilisés pour la production de protéines thérapeutiques, comme l’insuline, les anticorps ou les vaccins… Dans les laboratoires de recherche, la mise au point d’OGM est une pratique quotidienne permettant aux chercheurs d’étudier les effets d’une protéine sur un organisme, en la surexprimant par exemple ; ou encore en vue de l’isoler pour étudier sa structure ou ses interactions.
Les avancées de la génétique et notamment la connaissance du génome humain depuis dix ans ont également permis le développement du conseil génétique. Il s’agit d’un nouveau type de « service » ayant pour but d'évaluer le risque de transmission d'une maladie génétique d'un couple à leurs futurs enfants. Il s’agit donc d’une véritable « enquête génétique »…
Mais évidemment, devant de telles possibilités, certaines entreprises privées ont tout fait pour utiliser la génétique et les connaissances modernes pour leur seul profit. Ainsi, durant la course effrénée au séquençage du génome humain qui eut lieu entre 1990 et 2003, de nombreuses firmes pharmaceutiques déposèrent des brevets sur les séquences génétiques. En 2005, environ 20% des gènes humains connus faisaient l’objet d’un brevet, ralentissant leur étude et donc la découverte de leur fonction.
Par exemple, la compagnie Myriad Genetics a déposé un brevet sur les gènes BRCA1 et BRCA2, deux gènes associés au cancer du sein et de l’ovaire. Ainsi, cette compagnie a pu mettre au point un test de dépistage qu’elle seule fut autorisée à commercialiser. Avec l’absence de concurrence, le tarif de ces tests a régulièrement augmenté, constituant la plus grande source de revenue de l’entreprise, passant de $1600 initialement à $3200 en 2009. Mais devant de tels abus, l’OEB (l’Office Européen des Brevets) en 2005 a revu ses conditions de brevetabilité. La Cour Fédérale des Etats-Unis en 2010 a suivi, invalidant les brevets déposés sur les gènes. Depuis lors, de nouvelles mesures ont été mises en place, définissant les gènes comme des éléments préexistants dans la nature qui peuvent faire l’objet d’une découverte, non brevetable, mais pas d’une invention, brevetable.
La génétique nous offre donc de belles perspectives d’avenir, et la révision des Lois de Bioéthique prévue en France tous les cinq ans permet d’assurer l’adaptation du droit aux évolutions de la science et de la société, tout en protégeant l’humanité des dérives. En ce sens, la dernière révision a eu lieu en France en 2010-2011, avec la tenue notamment de tables rondes à Strasbourg, conviant tous ceux qui le souhaitait à exprimer leur opinion et à proposer leurs idées pour réfléchir au sens à donner aux progrès de la science au service de l'Homme.
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